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Investir en faveur des femmes au Burkina Faso : BEOG-NEERE en parle !

Le 07 mars 2024, de 18h30 à 21h s’est ténu un café débat au siège de BEOG-NEERE. Organisé à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme (08 mars), l’évènement avait pour thème : « Investissement en faveur de la femme : Perspectives et réussites au Burkina Faso ».

Ce café débat a connu la présence et la participation d’une dizaine d’associations de jeunes et de femmes œuvrant pour la promotion de l’égalité des sexes et le leadership féminin.

L’objectif principal étant de célébrer le 8 mars en mettant en lumière les réussites des femmes leaders au Burkina Faso et aussi d’explorer les perspectives de réalisation de l’égalité économique entre les hommes et les femmes dans le pays.  

Selon M. Noël SOME, le directeur exécutif de BEOG NEERE, cette activité était surtout « l’occasion de faire connaitre la structure qui œuvre depuis sa création dans les thématiques relatives aux droits des femmes, à leur leadership et leur pleine participation à la vie de leurs communautés ».

Le café débat s’inscrit dans un contexte de crise sécuritaire, politique, économique et sociale. En effet, le déplacement de populations notamment les femmes et les jeunes filles due à l’insécurité rend plus complexe la promotion et la protection des droits de ces dernières. Pourtant, garantir les droits des femmes et des filles dans tous les aspects de la vie est le seul moyen de bâtir des économies justes et prospères et de préserver une planète saine pour les générations de demain. Selon l’ONU, l’un des principaux obstacles à la réalisation de l’égalité des sexes d’ici 2030 est le manque alarmant de financement.

Ainsi, « investir en faveur des femmes reste un impératif pour les droits humains et la clé de voute d’une société plus inclusive car les progrès en faveur des femmes profitent à tous 

Alors quel est l’état des lieux de l’évolution des droits des femmes au Burkina Faso ? Quelles sont les principales barrières à la réalisation de l’égalité des sexes ? Existent-elles des pistes de solutions ? Quel est le rôle des femmes dans le développement socio-économique et politique ? et quelles sont les opportunités qui se présentent à elles ? Comment les organisations et le gouvernement peuvent ils mieux soutenir et promouvoir l’autonomisation économique des femmes ?

Telles étaient les questions abordées sous la forme d’un partage d’expérience par Mme Wendyam KABORE, magistrate et spécialiste en genre, par ailleurs intervenante lors de ce café débat.

De l’évolution des droits des femmes au Burkina Faso !

La question des droits des femmes a longtemps été relayée au second plan à cause des stéréotypes liés au genre. Au Burkina Faso, c’est avec la période révolutionnaire que les lignes ont commencé à bouger. C’est ce que nous explique l’intervenante :

« les choses ont considérablement évolué car on est passé du concept de puissance paternelle à l’autorité parentale. Toute chose qui a permis aux femmes de jouir des mêmes droits civiques, politiques et sociaux que les hommes.  Le droit à l’éducation, à l’indépendance économique, à la participation politique et à l’information furent facilités ».

Mme Wendyam KABORE

Des barrières à l’égalité des sexes et les pistes de solutions !

Les principales barrières à la réalisation d’une égalité de genre au Burkina Faso restent les stéréotypes et les pesanteurs socio-culturelles. La femme s’est vue attribué un rôle de « gardienne du foyer » et c’est à elle qu’incombe l’éducation des enfants, la gestion de la famille et l’entretien du foyer.

Malgré les avancées politiques et sociales en la matière, la femme reste figée dans son rôle traditionnel par manque d’information et de soutien. Mais aux dires de l’intervenante, spécialiste en genre, « la femme reste la seule barrière à la réalisation de l’égalité des sexes et à sa propre évolution ». Elle estime qu’en tant que femme, il est crucial de se voir « au-delà du fait d’être une femme ». Cela suppose de sortir des sentiers battus et de briguer de nouveaux rôles. Selon elle, « c’est surtout les femmes qui doivent s’imposer afin de donner le ton et accélérer la lutte car le seul fait d’être femme constitue un frein de nos jours ». Ce changement commence bien évidemment par une prise de conscience. Pour la femme, prendre conscience de sa spécificité, de sa valeur et de l’importance de sa contribution pour l’édifice du pays. Pour la société, cette prise de conscience va consister à redéfinir le concept de l’égalité. En effet, l’égalité tant recherchée ne doit pas signifier uniquement un traitement égal pour l’homme et la femme. Au contraire, selon Mme KABORE :

la base de l’égalité est le respect mutuel des sexes.

Mme Wendyam KABORE

L’égalité pour elle signifie donc que « tous (homme comme femme) sommes des êtres humains. Ce qui est bon pour l’homme l’est donc autant pour la femme. Mais c’est la prise en compte de chacun dans sa complexité et sa spécificité qui fera l’égalité ». Et c’est ce qui constituera le genre : c’est la liberté d’expression, la liberté d’apporter sa contribution et sa touche particulière qui fera que l’on parle d’égalité.

Du rôle des femmes dans le développement !

Le premier rôle d’une femme doit consister à la prise de conscience. D’après notre intervenante :

« chaque femme se doit de prendre conscience de sa valeur car l’avenir de toute sa communauté dépend d’elle. La prise de conscience dont il est question ici est avant tout psychologique, car il ne sert à rien d’autonomiser une femme si elle n’est pas consciente de ce pouvoir ».

Mme Wendyam KABORE

Après avoir pris conscience, chaque femme se doit de faire en sorte d’être utile à elle-même et à son entourage. Etre utile à soi-même signifie mettre tout en œuvre pour être un exemple pour ses semblables en faisant la promotion des droits des femmes et en soutenant les initiatives féminines.

Elle appelle donc les jeunes filles et les femmes à être plus fortes, plus engagées et plus déterminées car la lutte pour les droits des femmes est permanente.

Du rôle des organisations et du gouvernement !

Les organisations non gouvernementales contribuent fortement à la promotion et à la protection des droits des femmes. Elles appuient l’Etat sur certaines politiques et sous plus à même de saisir les réalités des principales concernées. Mais tout ceci reste insuffisant si l’on veut parvenir à une société plus inclusive, plus juste et plus prospère. En effet :

« la prise en compte des besoins de chaque sexe au lieu de vouloir les mêmes besoins pour les deux ».

Mme Wendyam KABORE

Le café débat fut un moment de partage d’expérience générationnelle, de partage d’idées mais aussi de connaissance et de réseautage pour les participants. C’est l’exemple de Salimata Karambiri, jeune leader d’association, membre de la cellule des femmes du Labis. Interrogée à la sortie de ce café, elle s’exprime :

« J’ai retenu de cette activité que nous en tant que femmes, nous pouvons accomplir de grandes choses. Il faut que les femmes acceptent de ne plus se sentir inferieures. Nous ne pouvons pas à tout moment nous victimiser. Accepter d’être femme, c’est travailler pour sa communauté, travailler d’abord pour sa famille et travailler pour son pays. C’est de cette manière que nous pouvons participer pleinement au développement de notre pays ».

Salimata KARAMBIRI

Un autre participant a tenu à s’exprimer car il estime que :

« pour l’égalité des genres, il faut une implication masculine. Je pense que nous pouvons atteindre l’égalité des genres si on implique plus les hommes. Les hommes ont une touche particulière à jouer et pour ma part je compte apporter ma pierre à l’édifice pour un Burkina Faso plus égalitaire mais surtout favorable pour les femmes »

Rolix NANA, jeune leader d’association, président de l’association Monde Eclairé-Vert

 L’intervenante a fini ses propos en ces mots : « je voudrais voir des femmes fortes et non pleurnichardes. Je voudrais voir des femmes qui se battent aux cotés des hommes pour bâtir la cité. Les femmes doivent arrêter de s’apitoyer sur leur sort. Je voudrais voir des femmes être fières d’être femmes et sans complexe. Ayez la conviction de réussir et vous réussirez ! ».

Mandina Ouédraogo

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